Blandine de Caunes : La mère morte - 2020, Ed. Stock - témoignage
Dans ce livre, Blandine de Caunes « réussit à dire sans
fausse pudeur ni langue de bois l’Indicible » (Lire) : en peu de
temps en 2016, elle perd brutalement sa fille Violette et sa mère Benoîte
Groult, la « commandeuse », intellectuelle et militante féministe et
romancière (Ainsi soit-elle) dans les années 1960, avec qui elle avait une
relation fusionnelle, après l’avoir accompagnée dans sa lutte contre la maladie
d’Alzheimer durant 2 ans. Elle dit dans une interview : « J’avais
besoin d’éloigner toute cette douleur. J’ai écrit pour moi, bien sûr, mais
aussi pour Violette et pour maman, pour qu’elles continuent à vivre dans ce
livre » (ELLE)
Deux parties dans ce récit :
Dans la première, l’auteur nous décrit la lente dégradation
de Benoîte Groult, les signes et les étapes de ce glissement vers
l’inconscience : « c’est terrible de la voir perdre la main sur sa
vie ». Ceux qui ont lu le livre « Journal d’Irlande, carnets de pêche
et d’amour, 1977-2003 » de Benoîte Groult mais éditée après sa mort par sa
fille Blandine, comprendront encore mieux le lien intime qui unissait Benoîte
Groult à ses filles et la force de caractère et l’amour de la vie dont elle
faisait preuve. Ceux qui ont vécu auprès d’un proche atteint de cette maladie
retrouveront tous les sentiments atroces et les épreuves violentes que l’on
peut vivre alors. Voici quelques réflexions de l’auteur : « Nous
sommes entrés dans le pays des mensonges » (que n’invente pas l’auteur
pour tranquilliser sa mère). « Ils sont peu nombreux ceux qui ont envie de
passer quelques jours avec elle », en effet il ne reste que les
« vrais fidèles ». « Combien il est difficile de devenir la mère
de sa mère »… L’auteur a la chance de si bien s’entendre avec sa sœur,
Lison, sur tous points au sujet de leur maman, jusqu’au jour si émouvant où
elles décident d’aider leur mère à mourir, respectant ainsi les dernières
volontés de celle-ci qui avait milité pour le « droit de mourir dans la
dignité » (dans un livre écrit en 2006 ‘la touche étoile’ et dans son
journal intime).
La deuxième partie est d’une violence et d’une force
incroyable : la fille de l’auteur, Violette, naturopathe, meurt à 36
ans le premier Avril 2016 dans un accident de voiture : « Zélie,
ma petite fille est orpheline de mère, je suis quoi ? il n’existe pas de
mot… ». En effet comment exprimer ce chagrin et cette souffrance ?
Après les jours terribles de l’enterrement où elle est entourée
merveilleusement par une famille soudée (sœurs, nièces : c’est une famille
de femmes fortes), elle rentre dans la vie d’après, « le cœur brisé et
mutilé ». Elle décrit avec justesse et sincérité ses sentiments « au
plus juste, donc au plus âpre, au plus rêche » (Télérama). Elle
dit : « J’ai perdu le 1er Avril ma fille unique et,
le 20 juin, ma mère unique. Maman est un mot qui a disparu de ma vie. Je ne le
dirai plus et je ne l’entendrai plus ». Sublime hommage à sa maman quand
elle écrit : « C’est maman qui m’a aidée à surmonter la mort de
Violette, maman et son goût forcené pour la vie ».
Témoignage bouleversant à lire et relire selon les
circonstances de notre propre vie… « Ce récit est un cri de douleur et de
révolte mais c’est aussi, et surtout, une poignante histoire d’amour et de
transmission entre trois générations de femmes, une tribu singulière »
(Fémina). « Blandine de Caunes signe un ouvrage poignant où la vie et la
mort s’entrelacent dans une alchimie aussi singulière que cette famille est
extraordinaire » (ELLE).
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