Nathacha Appanah : Le ciel par-dessus le toit - Gallimard, 2019 - roman français
Natacha Appanah est une auteure mauricienne qui a écrit
« Tropique de la violence » en 2016 et a obtenu pour ce roman une
quinzaine de prix littéraires. Elle dit avoir « la hantise de l’univers carcéral »
et a voulu écrire ici un texte sur l’enfermement « à travers le personnage
de Loup, presque 18 ans, jeune pas tout à fait comme les autres, sensible,
rêveur, qui se retrouve dans une prison pour mineurs ». Mais aussi à travers la mère de Loup, Phénix, qui
« n’accepte pas ce qu’elle est » : « l’enfermement se
traduit dans la façon dont l’amour est transmis » dit l’auteur.
Pourquoi Loup est-il
incarcéré ? : la veille, sans permis, il a pris la voiture de sa mère
et a provoqué un accident. Il voulait revoir sa grande sœur Paloma qui a fui le
foyer familial, dix ans auparavant, en lui disant : « Je reviens
te chercher très vite ».
La mère, Phénix, tatouée de partout pour fuir son corps, a
élevé seule ses enfants très durement, sans aucune tendresse. On le comprend
mieux dans le chapitre décrivant son enfance : très belle et chantant à
merveille, elle fut exhibée par ses parents « comme une lolita » et
ne supportait pas ces spectacles. A l’adolescence, elle a craqué au point de
devoir passer un long séjour en hôpital psychiatrique pour « tenter de
s’extirper de sa prison intérieure »
L’accident de Loup va faire revenir chaque personnage aux
sources et leur « faire pardonner tout le mal qu’on leur a fait pour mieux
s’en débarrasser ».
L’auteur explique le titre de ce roman : elle aime ce
poème de Verlaine, écrit en 1873 : « Le ciel est par-dessus le toit,
si bleu, si calme ». Verlaine l’a écrit en prison. « Ce poème me
semble d’une beauté absolument parfaire, ciselée, cristalline » dit-elle.
Elle se demande « Comment, en prison, on peut accéder à ce genre de
souffle, de légèreté, de beauté. J’ai
imaginé pour mes personnages un dehors, une autre beauté qui les ferait se
sentir moins enfermés ».
Grâce à sa merveilleuse écriture, précise, juste, poétique, intimiste,
ce roman poignant est comme une « fable sur l’enfermement et
l’espérance ».
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