lundi 1 avril 2019
David Foenkinos : Deux soeurs (N°2 - Mars 19)
David Foenkinos : Deux soeurs - 2019, Ed Gallimard -- roman
Comme beaucoup de lecteurs, j’ai adoré les 13 livres fantaisistes de cet auteur, genre comédies douces-amères, portés par une écriture fluide, légère et pleine d’humour dont le roman, « La Délicatesse », écrit en 2009 et adapté au cinéma en 2011 et le fameux « Charlotte », écrit « comme un chant en vers libres » et racontant sa « rencontre illuminante », dit-il, et sa découverte de l’ artiste-peintre juive allemande Charlotte Salomon (1917-1943) , qui changera sa vue sur l’Art. Cette biographie obtiendra le prix Renaudot et le prix Goncourt des lycéens en 2014.
Avec ce nouveau livre,
il change de registre et nous écrit un « thriller psychologique »
(certains disent un roman noir) assez époustouflant.
Deux parties dans ce
court récit :
Dans la première
partie, l’auteur plante le décor : les deux sœurs sont Mathilde et Agathe.
La première est professeure de lettres dans un lycée. « Elle vit son
métier passionnément comme elle vit intensément « l’Education sentimentale »
qu’elle décrypte pour ses élèves ». Agathe est conseillère dans une banque
, a une fille avec son mari et ils mènent une vie tranquille. Mathilde vient
d’être quittée brutalement par son amoureux
après 5 années d’amour
passionnel, le pire étant qu’il retourne avec une ancienne compagne. C’est pour elle une
descente aux enfers, c’est un désastre insurmontable, la rage monte en elle
jusqu’à devenir de la haine…
Dans la deuxième
partie, Mathilde est recueillie par sa sœur et son beau- frère : cela
devient un « huis clos terrifiant » dans cet appartement minuscule…on
sent qu’une explosion va arriver…
L’auteur, comme à son
habitude, décrit finement les sentiments
de Mathilde et les choses inexplicables qu’elle accomplit. Le style est simple
et direct. J’aime particulièrement les notes en bas de pages qui apportent un
plus, souvent plein d’humour.
On ne peut s’empêcher
de penser au livre « Chanson douce » de Leila Slinami, même genre de
roman noir.
Mathias Enard : Désir pour désir (N°3 - Mars 19)
Mathias Enard : Désir pour désir - 2018, Cartels, Réunion des Musées nationaux - court récit vénitien
Ce « récit
vénitien » est un régal de lecture et ce livre une petite merveille :
c’est un petit livret de cent pages avec une couverture cartonnée, de belles
reproductions de tableaux au début et à la fin sur un beau papier glacé, un
papier mat vert foncé entre chaque chapitre, un signet ou cordon de
couleur bordeaux comme
marque-page : un petit bijou pour un bel exercice littéraire.
Mathias Enard nous
écrit une histoire d’amour qui se passe à Venise au XVIIIème siècle entre
Camilla, une orpheline chanteuse de l’Ospedale della Pieta et un jeune graveur,
Antonio, au grand désespoir d’Amerigo, son soupirant. Nous parcourons Venise
avec eux avec ses piazze, ses ruelles, ses canaux, ses ospidali (écoles de
musique). Nous voyons les peintures, nous entendons la musique, nous lisons la
poésie de cette époque. Nous apercevons aussi Le Maestro (patron d’Antonio),
bon vivant et participant dans ses costumes extraordinaires au célèbre Carnaval.
Le style est moins
flamboyant que dans « Boussole » (prix Goncourt 2015) dans lequel
l’auteur nous a enchanté par sa fascination pour l’Orient mais on se laisse
porter par la simplicité des phrases, par la description des lieux vénitiens,
par la douceur de cette ville si bien décrite.
« L’auteur rend
ici hommage aux peintres de la Renaissance à qui l’on doit tant de beautés et
tant d’images. Il ressuscite la Venise littéraire et fait dialoguer les trois
arts : la peinture, la musique et la poésie » (le Monde).
A lire et à offrir…
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