Benoîte Groult : Journal d'Irlande - Grasset, 2018 - récit biographique.
Les sous-titres donnent les détails de ce « journal » : Blandine de Caunes, fille de Benoîte Groult, a eu la bonne idée de réunir dans ce livre les journaux intimes de sa mère et ses carnets de pêche en Irlande de 1977 à 2003. Elle nous écrit une magnifique préface en hommage à sa mère. Certes nous saurons chaque jour le nombre de crustacés pêchés… mais nous nous régalerons des réflexions succulentes de Benoîte Groult sur sa vie, ses états d’âmes, son vieillissement, sans aucune concession. Quelle femme ! Son humour, sa lucidité, sa franchise, son auto-dérision sont incroyables.
Nous partons donc avec
elle en Irlande en Camping-car pour acheter une maison (en l’occurrence ce sera
un terrain pour construire une maison) dans le Kerry. Son mari Paul Guimard et
elle ont un véritable coup de foudre pour cette « île des granits et des
fous »…et sont tous les deux amoureux de la mer et du bateau et acharnés
de pêche.
Cela nous vaut des
descriptions magnifiques des paysages avec les arbres penchés, les tempêtes incroyables, les pluies et le « drizzle »
(crachin typique de l’Irlande) et les trombes d’eau… mais aussi les éclaircies
d’une lumière incroyable, les maisons basses, la mer avec ses îlots, le goémon,
les charrettes de tourbe et de varech etc… et aussi de longues énumérations quasi
journalières du tableau de pêche : crabes, bouquets, écrevisses,
langoustes, tourteaux, palourdes, bigorneaux, étrilles, crevettes, homards,
oursins, pétoncles, turbots, lieus, trouvés dans les casiers, les haveneaux et trémails.
Nous suivons la vie de
Benoîte Groult au jour le jour durant ses mois d’été passés en Irlande durant
23 ans. La vie avec son troisième mari, Paul Guimard, qui vieillit plus vite qu’elle
mais refuse d’arrêter de fumer et de boire du whisky. Elle dit cette phrase que
je trouve belle: « C’est reposant de ne plus aimer ou plutôt de ne plus
être amoureuse » mais aussi la vie avec son amant américain, Kurt,
rencontré en 1945 et retrouvé dans les années 60, qui venait souvent en l’absence
de Paul mais avec son accord : « Cette sensation d’être aimée à la
folie vaut toutes les crèmes de jouvence ». Ils vivent « une intense
passion charnelle ».
On peut être surpris de
voir tant d’ « amis » leur rendant visite : sa sœur Flora
et son mari, Michel Déon, Jean-Loup Dabadie, François Mitterrand, les Badinter,
Eric Tabarly, Regis Debray. « De chacun elle dresse des portraits saisissants
de justesse et, parfois, de rosserie »
Chaque page amène une
réflexion drôle, étonnante, bouleversante, originale de cette femme éprise de
liberté.
A lire absolument par
toutes les femmes d’un certain âge !!!!!
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