Chantal Thomas : Souvenirs de la marée basse - Seuil, 2018 - roman autibiographique.
Lors de la sortie du
film « L’échange des princesses », réalisé par Marc Dugain, auteur
dont j’ai lu avec beaucoup de plaisir de nombreux romans, on a parlé de Chantal Thomas qui a écrit le roman paru en
2013 et le scénario de ce beau film sorti récemment. Cela m’a donné envie de
lire le dernier livre de cette auteure, récit autobiographique sur sa jeunesse en première partie « Le
temps d’Arcachon » et sur sa relation avec sa mère Jackie en deuxième
partie « D’autres rivages ».
D’une écriture
« précise et affûtée » et très poétique, l’auteure décrit son enfance
à Arcachon de 1946 à 1963. Elle nous décrit cette ville d’Arcachon, la ville
des quatre saisons, où sont arrivés ses grands parents pour les premiers congés
payés en 1936 et où ils sont toujours revenus puis installés. L’auteure évoque
les sensations de sa plus tendre enfance qui se passe essentiellement à la
plage : ramper, marcher, toucher l’eau puis nager. Puis elle décrit sa
première grande amitié avec Lucile : toutes deux « enfant de la
plage », contrairement aux enfants venus en touristes quelques jours. Elle
y voit sa mère (sûrement une bipolaire, dirait-on maintenant) nager le crawl
tous les jours pour établir des performances surveillées par son père. Pour
Jackie, la natation est un « « rite solitaire, conduite de survie,
manifeste de style » qui la rend
« calme et détendue » : « nager était son seul but, les
histoires des autres ne l’intéressent pas »…
Cela nous vaut des pages magnifiques sur la
mer, ses couleurs, ses changements, sur la façon de rentrer dans l’eau, de
nager, de s’ébattre, de flotter, de plonger, de perdre pied, d’ « aimer
l’eau » ainsi que des citations de Paul Morand sur le crawl tirées de son
livre « Bains de mer ». La devise de la famille pendant la jeunesse
de l’auteure était : « Sports, Vacances, Joie, Soleil », leitmotiv
écrit sur les albums de famille.
Puis l’auteure perd son
père âgé de 43 ans et sa maman devient une jeune veuve de quarante ans « oublieuse,
lunatique » qui désire quitter Arcachon pour la Côte d’Azur. Sa santé
mentale se dégrade et les deux femmes n’arrivent pas à communiquer si ce n’est
par cartes postales ou « appels longues distances ». En fin de récit,
elles se retrouvent « voluptueusement » autour d’un plateau de fruit
de mer et d’un vin blanc.
Très belle évocation de
la transmission entre les générations,
grands-parents et parents de l’auteure, sur les sensations de la prime enfance,
sur les relations mère-fille et très beau portrait d’une époque.
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