Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon : L'amour après - Grasset, 2018 - témoignage - coup de coeur
On a vu la silhouette
frêle de cette femme âgée à la chevelure rousse à la télévision lors du décès
de Simone Veil : elles furent toutes deux déportées en même temps à
Birkenau et rescapées, eurent des parcours différents et ne partageaient pas
les mêmes opinions politiques mais s’étaient retrouvées en 1955 puis plus tard
et étaient des amies inséparables.
L’auteure écrit ce
texte avec la journaliste Judith Perrignon, célèbre plume de Libération de 1991
à 2007 et « auteure d’ouvrages pour lesquels elle a mis ses talents
d’écriture au service des autres » : magnifique complicité qui nous vaut ce « livre sur l’amour,
l’Amour après ». Comment s’en sortir après avoir été « une fille de
Birkenau ».
L’auteure retrouve une vieille valise, « sa valise
d’amour » à laquelle « elle n’avait pas touché depuis plus de
cinquante ans » et nous fait partager la relecture des lettres
jaunies : « des phrases amicales, amoureuses, fâcheuses et
menteuses » dit-elle. Ce sont surtout les lettres des hommes qui ont
traversé sa vie particulièrement celles très émouvantes de son deuxième mari,
le grand cinéaste Joris Ivens, de 30 ans son aîné, de Francis, son premier
mari, amour de jeunesse, de Freddie, d’Edgar Morin, de Georges Perec, de Michel
et Henriette, ses frère et sœur, mais aussi celles de ses « amies d’infortune »
des années 1950 rencontrées à Saint-Germain-des-Prés Caramel, Eliane, Jacky.
Elle remémore aussi ses rencontres, particulièrement celles avec Simone Veil.
Avec beaucoup de
naturel et franc-parler, elle raconte comment « elle s’est réappropriée
cette dimension affective et sensuelle de la vie qui lui semblait
interdite » (Télérama).
Magnifique témoignage à
lire absolument.