Goliarda Sapienza : Rendez-vous à Positano - 2017, Le Tripode - roman italien
Goliarda Sapienza (1924-1996)
est une auteure italienne que j’admire énormément. J’ai relu cet été son fameux
« L’art de la joie », paru en 1998, monumental roman écrit entre 1967 et 1976 que
les éditeurs italiens ont boudé et qui a été publié en France en 2005, après sa
mort donc, connaissant beaucoup de succès. C’est l’histoire de Modesta, née en
Sicile en 1900 : « La jeune femme nous entraîne sur le chemin
d’une liberté qui gagne irrésistiblement le lecteur ». C’est une œuvre
majeure de la littérature italienne. En 2013, est paru « L’université de
Rebibbia », récit autobiographique, car l’auteur fit de la prison en 1980
et va « transformer cette expérience de l’enfermement en un moment de
liberté, une leçon de vie ».
Vient de paraître ce
roman « Rendez-vous à Positano » écrit en 1994, publié en Italie en
2015 et en France cette année : Goliarda Sapienza éprouve un éblouissement
lorsqu’elle arrive à Positano sur la côte amalfitaine de l’Italie près de
Naples, « modeste village au flanc d’une colline qui plonge dans la
mer ». Elle est hypnotisée par ce lieu et le décrit à merveille : les
rues, les escaliers, (« les sempiternelles marches enchantées qui appellent
vers le bas avec leur silence si profond qu’il caresse les oreilles comme une
mélancolie supraterrestre ») les terrasses, les habitations, les vues sur
la mer : « A Positano, dit-elle, on est voisins à vol d’oiseau mais
séparés par des gouffres ». Les mœurs et habitudes de ce villages sont
particulières : « Je deviens une vraie snob positanienne au
point de marcher pieds nus », pieds « qui glissent sur le pavement de
terre cuite » comme tous les habitants.
Elle décrit sa
rencontre avec l’une des résidentes de ce village « à l’allure
botticellienne ». Cette Erica, dite « la Princesse » devient
pendant une vingtaine d’année « sa sœur d’âme » et leur complicité
sera intacte jusque la mort d’Erica en 1985 : leurs confidences sont
émouvantes et denses, leur relation très intime est quasi-amoureuse : « Elle
est intelligente en plus d’être belle ». Elles se confesseront l’une
l’autre les grands secrets de leur vie avec beaucoup de sensibilité et
d’émotion. Leurs échanges aborderont beaucoup de sujets : la guerre au
moment où elles se rencontrent en 1940, le travail et la place des femmes dans
la société, le capitalisme, le fascisme, l’amour, l’art, les enfants etc…
Superbe roman d’amour
dédié à un village et d’amitié intemporelle dédiée à une femme. Je suis tombée
sous le charme…
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