jeudi 22 juin 2017
Franz-Olivier Giesbert : Belle d'amour (n°2 Juin 2017)
Franz-Olivier Giesbert : Belle d'Amour - Gallimard, 2017 - roman
Franz-Olivier Giesbert
retrace dans ce récit la vie épique de Tiphanie, Belle d’amour, mi-guérisseuse,
mi-sorcière au XIIIème siècle, au temps des croisades et de l’inquisition.
C’est un romancier de Marseille
qui, en 2016, raconte cette histoire en faisant parler Tiphanie. Une partie du
texte est donc à la première personne. Ce romancier prend la parole pour donner
son avis : ce sont évidemment les
idées de Franz-Olivier Giesbert qui sont décrites. Il ne peut s’empêcher de se
mêler au récit (« Il est comme à la télé où il interrompt tout le monde »
dit un critique de Match…)
Après la mort de ses
parents hérétiques, Tiphanie « monte » à Paris chez une tante
pâtissière. Celle-ci décède en lui léguant ses biens et notre héroïne attire le
pire des hommes qui abuse d’elle et la rend « dure au mal et corvéable à
merci ». Elle réussit à s’enfuir avec Enguerrand qu’elle épouse et ils se
joignent aux deux dernières croisades du roi Louis IX en Terre Sainte. Elle deviendra
proche du saint homme grâce à ses talents de guérisseuse. Elle vénère ce roi si
doux, si bon, qui aime tout le monde mais qui va se battre contre les sarrasins
pour rendre Jérusalem à la papauté. Elle découvre l’Islam dans les pays
parcourus et si bien décrits : L’Egypte, la Tunisie, la Syrie et la Chrétienté
en France à Montségur, Aigues-Mortes et à la cour de Vincennes. Elle discute
beaucoup et fait des enquêtes pour comparer les deux religions. Cela montre que
cette époque rappelle la nôtre : « politique et religion s’entremêlent
pendant que l’Orient et l’Occident se font la guerre au nom de Dieu ».
Je ne sais si l’auteur
a fait des recherches approfondies sur cette période et je doute un peu de la
véracité historique des faits. C’est plutôt une épopée rocambolesque qu’il nous
écrit en rapportant les événements comme un journaliste-reporter qu’il est,
avec son talent de conteur (« il écrit comme il parle ») et en mêlant
des mots anciens et médiévaux très évocateurs et gais.
Bon moment de lecture
pour ce roman-feuilleton d’une écriture enlevée et originale.
Elena Ferrante : Celle qui fuit et celle qui reste (n°3 Juin 2017)
Elena Ferrante : Celle qui fuit et celle qui reste (L'amie prodigieuse T III) - Gallimard , 2017 en France (2013 en Italie) - roman.
Quel plaisir de
retrouver nos deux héroïnes de la saga napolitaine d’Elena Ferrante et de vivre
avec elles quasiment au jour le jour leurs vies si différentes puisque l’une
« fuit » le Naples de son enfance pour être étudiante et l’autre
« reste » dans sa ville, dans son milieu, et même dans son quartier.
Ce livre est donc le
tome III de cette formidable histoire : le tome I racontait l’enfance de
Lila et Elena, deux enfants de l’après-guerre dans les faubourgs populaires de
Naples. Le tome II racontait leur période d’adolescence et le début de leur vie
de jeune femme, livre que la revue LIRE a élu meilleur livre de l’année 2016.
Ce tome III se passe
dans les années 1968-1970 et plus : c’est une période de grands
bouleversements pour l’Italie avec les événements de 1968 et les mouvements
féministes pour des femmes « qui ont dû faire face à la violence
domestique, aux normes sociales, à la domination des pères, des frères et des
amants. » Elena vit de près cette évolution car elle est étudiante puis
jeune mariée à Pise, pendant que Lila travaille dans un usine à Naples :
vie bien différente pour les deux amies qui s’aiment et se haïssent en même
temps…relation troublante, l’une ayant toujours l’ascendant sur l’autre à tour
de rôle. Elena Ferrante « explore comme personne la confusion des affects.
On songe en la lisant à l’art avec lequel Virginia Woolf saisit des instantanés
de conscience. » « L’auteur s’autorise à franchir les barrières de
l’intime, à explorer sans fard la complexité des sentiments de ses
héroïnes » (Revue Folio). Elena Ferrante nous tient en haleine jusqu’aux
dernières pages, ce qui nous incite, évidemment, à attendre avec impatience la
parution du dernier tome à l’automne.
Coup de projecteur sur
Naples que l’on a envie de visiter ou de revisiter : la Naples
mythologique, la Naples maritime, le Naples opulente, la Naples moderne tout en
imaginant les différentes époques où y vécurent nos deux héroïnes. (Plan
ci-joint copié dans revue Folio)
Quelques
chiffres : 4 tomes qui feront donc en tout 1700 pages, 5 millions d’exemplaires vendus dans le monde. Cette saga
est traduite en 42 langues. Quel succès !!!
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