Anne Wiazemsky : Un saint homme - Gallimard, 2017 - roman.
C’est toujours un grand
plaisir de retrouver Anne Wiazemsky qui m’a enchantée avec plusieurs romans autobiographiques
tel que « Mon enfant de
Berlin » (2009), puis les deux romans sur sa rencontre et sa séparation
avec Jean-Luc Godart, cinéaste de la Nouvelle Vague (autour de 1968) :
« Une année studieuse » (2012 et en poche en 2013 puis « Un an
après » (2015 puis en poche en 2016) chez Gallimard.
Elle nous écrit ici sa
rencontre avec le Père Deau. A l’émission La Grande Librairie, elle a dit
qu’elle savait qu’elle écrirait un jour sur ce prêtre qui fut son professeur de
français à Caracas où elle vivait avec sa famille et qui lui fit aimer la
langue et la littérature françaises. Après l’avoir perdu de vue, elle le
retrouve en 1987 et nous fait ici un récit magnifique sur son amitié avec le
« Saint Homme ».
La jeune Anne,
« frêle rousse au caractère obstiné », suggère, comme elle sait le
faire, sa vie au collège vers l’âge de 13 ans et sa rencontre avec le Père Deau qui fut le premier à être
enchanté par ses tentatives d'écriture alors qu’elle plagiait « Le club
des Cinq »…Il l’encouragea, la guida dans ses lectures. Puis elle fut
envoyée en pension en France et ils perdirent le contact pour se retrouver 20
ans après. Leur complicité est toujours la même : elle est pour lui son
« enfant de Dieu », « enfant de mon cœur ». Elle se
confie à lui et évoque avec une nostalgie tendre, leurs souvenirs et les
événements de sa vie de femme, d’écrivain et d’actrice : « Elle alterne
les récits de retrouvailles, joyeuses, inconditionnelles, élévatrices et les
évocations de sa vie personnelle qui continua vaille que vaille dans des entre-deux
souvent houleux et douloureux » (Télérama). Le Saint Homme ne la juge pas,
la soutient, ne critique pas son manque de croyance en Dieu (elle ne pouvait
croire en ce Dieu qui lui avait enlevé son père si jeune).
J’ai apprécié les
quelques passages qui se passent dans la propriété du grand père de l’auteur,
François Mauriac : superbe demeure près de Bordeaux, nommé Malagar, que
j’ai visitée l’été dernier.
Très beau récit sur ce
portrait affectueux du saint homme et la « restitution du mystère de cet attachement »
qui a lié ces deux êtres.
Bruno Frappat dans
« la Croix », écrit cette phrase : « Un tel lien, riche et
beau, serait impossible à notre époque où le principe de précaution poussé à
l’extrême s’insinue partout, faisant naître le soupçon dans toute relation
d’âme à âme entre un « saint homme » et une jeune fille pure »…
Dommage de penser ainsi…
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