Koautar Harchi : A l'origine notre père obscur - Ed.Babel, 2016 - roman
Impossible d’exprimer
ce que l’on ressent en lisant ce texte magnifique et intense. Il faut
simplement le « lire ».
Deux parties de 15
chapitres et au huitième, la vie de la jeune fille bascule. C’est d’abord la
quête de l’amour de sa Mère puis la recherche de ce Père qu’elle a toujours
rêvé de rejoindre.
Une adolescente vit
avec sa mère enfermée depuis toujours dans la « maison des femmes »
où le Père a conduit la mère enceinte pour avoir « failli à la loi patriarcale ».
On ne connait ni l’époque ni le lieu. C’est un pays où la souffrance des femmes
est omniprésente.
La mère protège
l’enfant puis l’adolescente protège la mère qui devient démente. Le texte est à
la première personne : c’est la fille qui parle et nous livre une intimité
touchante. Elle cite « l’accoutumance au chagrin, la dépendance au
mal » dans cette « maison disciplinaire » où ce huis-clos pesant
entre femmes est décrit de façon si émouvante, vu par l’enfant puis la jeune
fille. Les femmes entre elles se soutiennent : complicité, confusion, connivence. Elles forment une fusion, une
entité dans l’attente de la libération.
Les mots marquants sont dépossession, enfermement, emmurement, entassement,
étouffement, empilement.
Nous lisons des pages magnifiques
sur l’amour, la compassion, les égards, le deuil, la douleur, la tristesse,
l’affliction, le tout écrit dans un style particulier, puissant, fait de
phrases courtes parfois même tronquées comme pour laisser une interrogation…
Une fois libérée, l’adolescente
découvre que le drame existe aussi dans la demeure paternelle : elle veut
comprendre et l’explication de cette tragédie est terrifiante. Cette jeune
fille sera passée par l’acte de la séparation, de la désaffiliation, de la
révolte, de la libération… La rupture sera-t-elle l’ouverture vers une
survie ?
Livre très émouvant et
bouleversant.
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