Catherine Poulain : Le grand marin - Ed. de l'Olivier, 2016 - roman français
Cette histoire
extraordinaire que l’on devine autobiographique raconte le destin d’une jeune
française, la frêle Lili, qui décide de partir pêcher la morue en Alaska et de
passer dix années à Kodiak. On comprend que la baroudeuse-auteur n’en est pas à
son premier voyage puisqu’elle fut aussi « modèle aux Beaux-Arts de
Singapour, assistante d’un cracheur de feu, barmaid à Hong-Kong, employée
d’usine en Islande, ramasseuse de pommes au Canada, peintre sur un chantier
naval au Guatemala ». Une sacré voyageuse de 55 ans de nos jours.
Ici donc en Alaska,
notre narratrice, ce petit bout de femme que l’équipage surnomme ‘moineau’,
« rejoint la cohorte des êtres à la dérive, corvéables à merci,
mercenaires des mers, qui trainent le long des quais » (La Croix).
La première moitié de
ce roman est comme un ouragan. Notre Lili supporte et aime les conditions les
plus extrêmes de cette vie sur un bateau de pêche : froid polaire,
humidité continuelle, manque de sommeil et de nourriture, brimades et
humiliations de la part des hommes,
blessures. MAIS c’est ce qu’elle recherche et elle y trouve la liberté, le
moyen de donner un sens à sa vie, en se donnant à fond, en allant au bout de
ses forces. Elle trouve « le bonheur de mettre son corps à l’épreuve et en
mouvement » (Le Monde). Quelques descriptions du travail à bord sont
magnifiques : les poissons à éviscérer en cale dans le sang et la glace
par exemple ainsi que les beaux portraits de ces grands marins, tous anciens
trappeurs ou bucherons, tous des alcooliques, des costauds comme le
« grand marin », Jude, avec qui Lili a une histoire d’amour.
Le roman s’essouffle
ensuite : une fois à terre Lili traîne comme tous les marins. L’abus
d’alcool, les cigarettes fumées à la file, la nourriture succincte sont le lot
de toutes les longues journées. Le tour des bars dont on ne retient pas les
noms, le soutien de ses amis marins tous marginaux que l’on a du mal à
reconnaître au fil des pages donnent un récit assez confus.
Le tout est quand même
d’une belle écriture dans un style « âpre et sec » ainsi qu’est la
dureté de cette aventure. C’est un roman
« physique » !!!
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