Anthony Marra : Une constellation de phénomènes vitaux - Lattès, 2014 - roman étranger traduit de l'américain.
Beaucoup
de personnages dans ce roman qui dure cinq jours. Il se passe en
Tchétchénie en 2004.
Akhmed
est le héros principal : il a fait des études de médecine mais a
terminé dans le Top ten des moins bons car il a suivi des cours de
dessin, sa passion, durant sa dernière année d'études. « Ce
médecin raté », comme il le dit lui-même, va prendre en charge
sa petite voisine, Havaa, dont le papa, Dokka, ami d'Akhmed, vient
d'être emmené par les soldats russes qui ont mis le feu à sa
maison. Havaa est une fillette de 8 ans, intelligente, pleine de
réparties amusantes, vivant dans le monde que lui a crée son père
qui était botaniste.
Akhmed
l'emmène à l'hôpital n°6 quasi déserté car il connaît de nom
l'urgentiste en chef de cet hôpital, Sonja et espère qu'elle
acceptera de cacher cet enfant. Ces trois personnages vont vivre des
instants particuliers ensemble, chacun évoluant petit à petit.
Chacun a aussi une vie d'avant et dans ce roman à tiroirs, il faut
bien se repérer pour comprendre les époques.
Nous
apprendrons que Sonja était à Londres de 1992 à 1996 pour faire
ses études de médecine et est rentrée au pays pour revoir sa sœur
Natasha mais quand elle revient, l'appartement familial est vide, sa
sœur n'ayant laissé aucune adresse. Nous la retrouverons souvent
dans des flashbacks qui nous font comprendre qu'elle a subi « la
guerre dans toute sa violence » et que la relation entre les deux
sœurs était ambigüe, qu'elles vivaient ensemble « dans une
ignorance polie » et qui nous raconte la vie effrayante qu'a vécu
Natasha en Italie. Sonja est donc embauchée dans cet hôpital en
1996 où, en 2004, il ne reste que deux infirmières sœurs jumelles
âgées. Sonja, en pleine guerre, n'y fait que des amputations avec
les moyens du bord. Elle accepte de garder et de cacher Havaa et
d'embaucher le médecin raté…
Nous
apprendrons qu'Akmed vit dans un village ou plutôt la rue formant le
hameau d'Eldar, près de Volshansk. Dans cette rue il y avait la
maison d'Havaa, celle d'Akmed où il vit avec sa femme Ula, malade
au point de ne plus se lever. Il est ami aussi avec Khassan,
écrivain âgé qui, par des retours en arrière, explique sa vie et
de ce fait raconte sa guerre en 1941 dans l'Armée rouge, la
déportation des Tchétchènes en Sibérie et le retour accepté par
Kroutchev de ce peuple dans leur pays en 1956. Il décrit sa vie
d'écrivain et d'historien, censuré par le régime soviétique. Son
fils, Ramzan, est devenu en 2003, informateur des Russes et ce sera
lui que créera l'horreur de ce qui se passe dans ce village.
Beaucoup
de personnages donc et beaucoup d'histoires emmêlées allant de 1941
à nos jours. Chaque vie est passionnante et bien écrite. Certains
passages sont particulièrement réussis : la description des
dessins d'Akhmed, les parties d'échecs, les réflexions d'Havaa, le
caractère de Sonja, la maladie d'Ula, la personnalité de l'
infirmière, la façon de peler une prune. D'autres passages sont
très durs : les opérations (certaines sutures étant faites
avec du fil dentaire...) et les amputations, la vie de Natasha, les
conditions de détention dans « la Décharge ». Mais le
tout est très complexe. On doit souvent revenir en tête de chapitre
où est indiquée l'année où se passe les événements pour pouvoir
les comprendre ce qui est extrêmement désagréable. Dommage que ce
livre soit si compliqué car chaque histoire en elle-même est très
intéressante et on apprend une tranche d'histoire méconnue.
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