Dan Smith : Le Village - Ed du Cherche-Midi, 2014 - policier américain
Nous
sommes en Russie en 1930 sous le gouvernement de Staline dont la
police politique, la Guépéou (G.P.U) fait terreur : elle rafle
le peu qu’il reste dans les villages et les maisons et déporte les
gens ou les embauche de force dans les kolkhoses. Elle installe « le
collectivisme ».
A
Vyriv, petit village isolé de l’Ouest de l’Ukraine, habitent
Luka, le narrateur de ce roman et sa famille : Natalia, sa
femme, ses deux fils jumeaux de 17 ans, Viktor et Petro et sa fille
Lara, 9 ans. Les habitants de Vyriv sont contents que leur village
soit caché dans la steppe car, à cette époque, « il s’agit
de se faire oublier »…et la Guépéou ne les a pas encore
trouvés mais l’ambiance est aux soupçons et la psychose monte.
Les habitants « nourris de récits populaires » avec
sorcières et assassins sont angoissés.
Ceci
explique la haine incontrôlée qui va soulever les hommes du village
lorsque Luka ramène au village un homme rencontré dans la steppe à
bout de force tirant un traîneau avec deux enfants morts. Luka veut
protéger cet homme mais les villageois, entrainés par Dimitri, le
beau-frère de Luka, soupçonnent cet homme du meurtre des deux
enfants et le pendent sur la place du village. Luka n’aurait-il pas
fait entrer dans le village « un monstre, un assassin
d’enfants, l’incarnation du mal ? ». Cette épisode
constitue le premier quart du livre et nous présente le lieu désolé
et l’ambiance tendue de ce village.
Le
même jour, la fille de Dimitri, gamine intrépide de 8 ans,
disparaît. C’est la cousine et la meilleure amie de Lara. Luka
décide de partir à la recherche de sa nièce avec ses deux fils et
Dimitri, son beau-frère avec qui il a des opinions diamétralement
opposées : n’est-ce pas lui qui a participé à la pendaison
de l’homme recueilli par Luka ? Mais Luka est un ancien
vétéran : « J’appartenais à l’Armée Noire
anarchiste… qui avait affrontée seule l’Armée Blanche…avant
d’aller dans l’Armée Rouge » : Voilà donc son
parcours et il se sent le seul capable d’affronter cette chasse à
l’homme dans une nature si hostile, cette steppe enneigée et si
froide. Son expérience va bien lui servir car il est à la fois
le chasseur et la proie mais il sait lire les traces dans la neige,
il sait construire un abri pour la nuit, il sait se servir et
reconnaître toutes les armes et on peut imaginer que son goût pour
la violence le rattrape bien qu’il reste d’une grande humanité.
La relation avec ses deux fils en est la preuve et est extrêmement
bien analysée.
Nous
allons donc suivre cette traque avec la peur au ventre comme notre
narrateur : peur des tchékistes, peur de l’assassin, peur
pour cette enfant, peur pour sa famille restée au village. Ils
subiront la violence, le froid, la mort d’êtres proches,
l’emprisonnement, la torture.
Ce
livre est à la fois un document historique sur la vie dans les
villages en Russie sous Staline, un thriller angoissant et une leçon
d’humanité et procure un bon moment de lecture.
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