vendredi 18 avril 2014

Jean-Christophe Rufin : Le collier rouge

livre le collier rougeJean-Christophe Rufin : Le collier rouge - Gallimard, 2014 - roman français.

Nous sommes en plein été 1919 dans un village du Berry écrasé par la chaleur. Un juge militaire, le chef d’Escadron Lantier de Grez doit enquêter et interroger un suspect qui se trouve être le seul détenu de la prison de ce village. Il doit essayer de comprendre ce qui s’est réellement passé pour que ce soldat soit en prison et quel est le rôle du chien « tout cabossé » de ce détenu qui aboie devant la caserne jour et nuit.
Il connaît l’histoire de ce Jacques Morlac, ce paysan lettré devenu héros de guerre mais révolutionnaire. Il veut lui faire raconter SA guerre. Ayant combattu pour l’armée française d’Orient, ce prisonnier a reçu la légion d’honneur en 1917, distinction exceptionnelle pour un simple caporal mais pourquoi est-il en prison ? Le juge est troublé par le passé du soldat, par sa façon de plaider sa cause sans se défendre pour cet acte  jugé "insensé" commis en 1919, par son chien… « Brave chien, soumis aux ordres, loyal jusque la mort, sans pitié pour l’adversaire mais sans discernement ». Le dialogue entre les deux hommes est émouvant et bouleversant (chacun a vécu sa propre guerre).
S'ajoute une femme, vivant dans une ferme isolée qui est lié avec le prisonnier et qui détient l'une des clés de l'énigme.
Ce ne sont que lors des dernières pages que nous découvrirons lors de l’ultime confession du détenu les raisons de son emprisonnement. L’auteur réussit à ménager  le suspense jusque la fin.
Ce beau roman très court et si bien écrit, inspiré par une histoire vraie (vie du grand-père du photographe de Paris-Match Benoit Gysembergh, mort en avril 2013, ami de Rufin), nous fait découvrir la vie des soldats en 1917, année pivot de la guerre et les nombreuses facettes de ce Morlac : « père, camarade et combattant ». On peut aussi réfléchir sur la fidélité des animaux, sur le patriotisme, la loyauté, la fraternité, la bravoure.

Inutile de rappeler que Jean-Christophe Rufin fut l’un des pionniers de Médecins sans frontières en 1970, puis écrivain. Il obtient le prix Goncourt avec « Rouge Brésil » en 2001. Il nous a enchantés avec, entre autres, « Katiba », « Le grand Cœur » et « Immortelles randonnées » l’année dernière (250 000 exemplaires). Il fut ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie. Depuis 2008, il siège à l’Académie française. C’est un de mes auteurs préférés….


 

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