Gael Faye : Jacaranda - Grasset, 2024 - roman
On se souvient que Gaël Faye, écrivain, compositeur, rappeur a écrit Petit Pays en 2016, son premier roman qui connut un immense succès et remporta de nombreux prix dont le prix Goncourt des lycéens et fut adapté au cinéma. Il y racontait le terrible génocide, en 1994, des Tutsi au Rwanda dont sa mère est originaire.
Huit ans après, il vient de recevoir le prix Renaudot 2024
pour son deuxième roman Jacaranda, un « roman d’apprentissage poignant aux
personnages particulièrement attachants ». Il revient sur le génocide pour mieux nous raconter la
reconstruction de son pays.
Le roman commence en France. En 1994, Milan, jeune franco-rwandais, vit dans un pavillon de Versailles avec sa mère lors de l’arrivée soudaine de Claude, garçonnet au crâne « méchamment entaillé ». Il arrive du Rwanda en plein génocide et y repart dès qu’il est soigné. La mère de Milan ne lui a jamais rien confié de l’histoire du génocide et du traumatisme du Rwanda : il est donc très marqué par l’amitié qui va l’unir à Claude.
Quatre ans après, Milan
retrouve Claude à Kigali, capitale du Rwanda, où, pour la première fois,
il vient avec sa mère. Claude, désormais rétabli, guide Milan dans la capitale
qui découvre la brutalité des lendemains de guerre civile et le difficile
chemin vers la réconciliation avec les procès, les condamnations les exécutions
publiques ». Claude dit : « On vit avec les tueurs autour de
nous et ça nous rend fous ». Grâce à Claude, Milan rencontre au Palais,
lieu de rendez-vous des enfants des rues et des orphelins, Sartre, genre de
grand frère protecteur de tous qui l’aidera beaucoup à comprendre le génocide
et ses suites. De ce jour, Milan fait
des allers-retours entre la France et le Rwanda. Il y retrouve Claude, Sartre
mais aussi Eusébie, sœur de sa mère, et sa fille Stella, qui enregistre les
récits de la mémoire intacte de sa grand-mère (témoignage poignant). Gaël Faye écrit ainsi l’histoire du Rwanda sur 4 générations et
raconte les raisons et les effets du silence sur tous.
Quelques chiffres : un cinquième de la population du pays a participé au génocide ; près de trois quarts de la population actuelle est né après le génocide donc le pays est extrêmement jeune.
L’écriture de cet auteur est très fluide, « sa plume est
incisive et épurée ». On y ressent l’habileté d’un rappeur. Il a l'art de faire dialoguer ses personnages magnifiques et l'art du détail qui touche.
En conclusion je cite ce message écrit dans « Fémina » :
"S’il explore les douloureux stigmates de la guerre, Gaël Faye parvient aussi à
insuffler de l’espoir et à distiller de la lumière grâce aux notions de pardon,
de résilience et de transmission générationnelle qui enrichissent ce livre
sensible et touchant ". (Fémina)
Evidemment ce récit est étroitement inspiré de la vie de l'auteur qui vit désormais entre la France et le Rwanda avec sa femme et ses enfants.
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