mercredi 27 novembre 2024

Gaël Faye : Jacaranda (N°2 - Dec 2024)

Jacaranda - 1

 Gael Faye : Jacaranda - Grasset, 2024 - roman 

 

On se souvient que Gaël Faye, écrivain, compositeur, rappeur a écrit Petit Pays en 2016, son premier roman qui connut un immense succès et remporta de nombreux prix dont le prix Goncourt des lycéens et fut adapté au cinéma. Il y racontait le terrible génocide, en 1994, des Tutsi au Rwanda dont sa mère est originaire.

Huit ans après, il vient de recevoir le prix Renaudot 2024 pour son deuxième roman Jacaranda, un « roman d’apprentissage poignant aux personnages particulièrement attachants ». Il revient  sur le génocide pour mieux nous raconter la reconstruction de son pays.

Le roman commence en France. En 1994, Milan, jeune franco-rwandais, vit dans un pavillon de Versailles avec sa mère lors de l’arrivée soudaine de Claude, garçonnet au crâne « méchamment entaillé ». Il arrive du Rwanda en plein génocide et y repart dès qu’il est soigné. La mère de  Milan ne lui a jamais rien confié de l’histoire du génocide et du traumatisme du Rwanda : il est donc très marqué par l’amitié qui va l’unir à Claude.

Quatre ans après, Milan  retrouve Claude à Kigali, capitale du Rwanda, où, pour la première fois, il vient avec sa mère. Claude, désormais rétabli, guide Milan dans la capitale qui découvre la brutalité des lendemains de guerre civile et le difficile chemin vers la réconciliation avec les procès, les condamnations les exécutions publiques ». Claude dit : « On vit avec les tueurs autour de nous et ça nous rend fous ». Grâce à Claude, Milan rencontre au Palais, lieu de rendez-vous des enfants des rues et des orphelins, Sartre, genre de grand frère protecteur de tous qui l’aidera beaucoup à comprendre le génocide et  ses suites. De ce jour, Milan fait des allers-retours entre la France et le Rwanda. Il y retrouve Claude, Sartre mais aussi Eusébie, sœur de sa mère, et sa fille Stella, qui enregistre les récits de la mémoire intacte de sa grand-mère (témoignage poignant).  Gaël Faye écrit ainsi  l’histoire du Rwanda sur 4 générations et raconte les raisons et les effets du silence sur tous.

 Quelques chiffres : un cinquième de la population du pays a participé au génocide ; près de trois quarts de la population actuelle est né après le génocide donc le pays est extrêmement jeune.

L’écriture de cet auteur est très fluide, « sa plume est incisive et épurée ». On y ressent l’habileté d’un rappeur. Il a l'art de faire dialoguer ses personnages magnifiques et l'art du détail qui touche.

En conclusion je cite ce message écrit dans « Fémina » : "S’il explore les douloureux stigmates de la guerre, Gaël Faye parvient aussi à insuffler de l’espoir et à distiller de la lumière grâce aux notions de pardon, de résilience et de transmission générationnelle qui enrichissent ce livre sensible et touchant ". (Fémina)

Evidemment ce récit est étroitement inspiré de la vie de l'auteur qui vit désormais entre la France et le Rwanda avec sa femme et ses enfants.

 

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