Joyce Maynard : Où vivaient les gens heureux - Ed. Philippe Rey, 2021 - roman traduit de l'américain.
On se rappelle de Joyce Maynard, née en 1953 aux USA, qui, jeune étudiante, a écrit un long article sur sa jeunesse en 1972 aux Etats-Unis pour le New York Times et de ce fait a rencontré le célèbre J.D. Salinger avec qui elle a eu une relation étrange et dévastatrice. Elle avait 19 ans, lui 54… Elle a écrit à ce sujet un magnifique témoignage : « Et devant moi, le Monde », paru en France en 2011. Elle eut alors mauvaise réputation car divulguer sa relation houleuse avec Salinger, l’idole, n’a pas plu aux Américains. Ensuite elle s’est lancée dans l’écriture de romans avec pour thème l’amitié, l’emprise et la dépendance, l’étude du comportement des adolescents et, dans ce livre-ci, l’amour maternel qui peut conduire loin…
Eléanor, fille unique, mal aimée de ses parents, se retrouve orpheline à 16 ans. Ceux-ci alcooliques meurent dans un accident de voiture. Avec son héritage, elle déniche et achète une ferme isolée proche d'un frêne centenaire et d'une cascade dans le New Hampshire : « ce lieu ressemblait à une maison où vivaient des gens qui s’aimaient ». Elle devient auteure et illustratrice de livres pour enfants avec succès. Elle rencontre Cam, « un beau mec artisan » : « l’homme le plus beau qu’elle ait jamais vu ». Ils fondent une famille avec la naissance de trois enfants : la secrète Alison (très beau passage sur la naissance de ce premier bébé), l’optimiste Ursula et le turbulent Toby, « ce fils étrange, miraculeux, roux, au pied palmé » qui se comporte de manière « extravagante, exubérante, anarchique ». Elever ses trois enfants demeure le centre de sa vie ainsi que "son besoin obsessionnel de bien faire" : « son œuvre d’art, c’est sa famille » dans cette superbe campagne et cette maison attachante.
Désenchantement complet dans la deuxième partie
quand le couple se sépare après un drame impardonnable. Elle est trop blessée
pour pardonner. Tristesse de suivre cette maman meurtrie qui accepte tout pour
sauver le bonheur de ses enfants : « Supporter tout et n’importe quoi
pour être aimée » pourrait être sa devise. « On se demande jusqu’où
une femme peut aller par amour des siens » (Femina) et aussi "ce que signifie abandonner les vieux griefs et l'amertume".
L’écriture de cette auteure est « fluide et élégante », quelque fois un peu trop sentimentale (c’est l’Amérique…) et très agréable à lire. Il est dit que ce roman est en partie inspiré de son existence tumultueuse, « riche et chaotique ».
Excellent moment de lecture qui glorifie les « MAMANS ».
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