Amélie Nothomb : Premier sang - 2021, Albin Michel - roman français
L'année dernière, pour la rentrée littéraire, Amélie Nothomb, dans Soif, « se glissait dans la peau de Jésus Christ ». Cette année, pour son trentième roman, elle se met dans la peau de son père, mort récemment d’un cancer, au début du premier confinement le 17 Mars 2020.
Dans les interviews nombreuses à ce sujet, elle explique son désarroi et son chagrin de n’avoir pu se rendre à l’enterrement de son père ni aller sur sa tombe à cause de la période de crise sanitaire. Elle n’ira au cimetière que l’été venu et dit cette phrase : « Son âme est venue à la rencontre de la mienne »… Et donc « Elle veut, dit-elle, faire revivre son père, le rendre plus vivant, tel qu’il a été vraiment ». Pour ce faire, elle écrit à la première personne ce qui rend ce texte très émouvant.
Elle retrace la vie extraordinaire et exceptionnelle qu’a eu ce personnage, Patrick Nothomb. Il perd son père à l’âge de 8 mois et est élevé par sa mère, qui le délaisse, et ses grands-parents maternels dans la solitude et le désespoir à Bruxelles. Il passe beaucoup de vacances au Château de Pont d’Oye dans les Ardennes belges avec la tribu Nothomb, « château décati » qui occupe une place importante dans ce récit tant la vie y est précaire et extra-ordinaire. Avec son écriture romanesque et tragicomique, l’auteur nous fait vivre des moments très drôles. « Mes ancêtres ont eu faim à cause de ce darwinisme éducatif si particulier » dit-elle (ELLE). Adulte, Patrick Nothomb devient diplomate et commence sa carrière à Stanleyville (ex-Congo belge) au moment de la prise d’otages de 1964. Il se comportera en héros devant le peloton d’exécution et pendant les négociations qui sauveront 1600 personnes alors qu’il n’a que 28 ans. Il sera ensuite ambassadeur de Belgique, en Chine, au Japon (ce qui explique l’amour pour ce pays de l’auteure) et en Italie.
Dommage que tout ceci soit divulgué dans les médias ce qui fait que l’on connait la vie de ce Monsieur avant de lire le livre…mais il n’empêche que l’on retrouve l’excellente écriture juste, précise de cette auteure géniale qui écrit ici un texte « magnifique, touchant, drôle et incroyablement vivant » (Fémina).