lundi 2 mars 2020
Audur Ava Olafsdottir : Miss Islande (N°2 - Fev 2020)
Audur Ava Olafsdottir : Miss Islande - 2019, Ed Zulma - roman traduit de l'islandais.
J’avais
particulièrement aimé le BEAU livre de cette auteure islandaise, « Rosa
Candida », paru pour la rentrée littéraire 2010, dont le héros était
passionné de roses et de jardins et était un père plein de tendresse pour sa
petite fille, pour lequel elle avait obtenu le Grand Prix des lectrices de Elle
et était finaliste du prix Fémina.
On retrouve dans ce
roman-ci, l’univers particulier de cette auteure et ses personnages « à
part » bien qu’ici l’atmosphère soit plus sombre et plus mélancolique. Elle
a reçu pour ce roman le Prix Médicis Etranger.
Dans les années 1960, son
héroïne islandaise Hekla veut devenir écrivaine et met l’énergie d’un volcan,
comme celui dont elle porte le nom, pour y parvenir : « elle
bouillonne d’énergie et ne cesse d’écrire ». Elle quitte sa ferme natale à
21 ans pour la capitale Reykjavik. Elle y débarque avec quelques manuscrits et
sa « Remington ». Une femme qui écrit à peu de chance de réussir dans
la « société gelée » de cette ville en 1963. Et on lui propose plutôt
de tenter sa chance à l’élection de Miss Islande, « une jolie fille comme
vous » !!! Même son amant, Starkadin, poète en herbe, lui offre pour
son anniversaire, un livre de recettes de cuisine. Elle retrouve dans cette
capitale des amis chers : Isey, son amie d’enfance, qui, après l’espoir de
devenir écrivaine, se retrouve mariée avec deux enfants en bas-âge dans une vie
« rétrécie » à 22 ans ( description merveilleuse de la « vie
ordinaire » de cette jeune femme) et Jon John, un grand ami métis et
homosexuel avec qui elle a une relation particulière, qui, après l’espoir de créer des costumes pour l’opéra,
se retrouve marin sur des bateaux de pêche avec le mal de mer en compagnie de collègues
brutaux et avinés.
Mais comment peuvent-ils
lutter dans ce pays d’hommes, « patriarcal et conservateur ». Va-t-elle
réussir à s’affranchir et à réaliser ses rêves, à être libre et créatrice ?
Cette auteure a une
écriture pure, sobre et poétique, « toujours à sa manière douce et subtile »
(la Croix). Elle transmet beaucoup d’émotions et soulève beaucoup de sujets de
réflexion comme la réalisation de soi, le féminisme, l’amour, l’homosexualité
dans les années 1960 en Islande.
Christian Bobin : Pierre, (N°3 - Fev 2020)
Christian Bobin : Pierre, - Galliamard, 2019 - texte
C’est une lettre qu’écrit Christian Bobin au peintre Pierre
Soulages, grand ami de l’auteur, qui fait comprendre dans ce portrait du
peintre que « son œuvre est pour lui un appel à la résistance » (la
Croix).
Nous assistons à un rêve de l’auteur qui s’imagine faire le
trajet en train, le soir de Noël 2019, entre La Creusot et Sète pour arriver à la
maison de son ami pour lui fêter ses 100 ans, (il est né le 24 décembre 1919),
maison à côté du cimetière marin de Sète où sont enterrés Paul Valéry et
Georges Brassens. (D’ailleurs cette année pour ce centenaire, beaucoup
d’hommages seront rendus au peintre : ne pas oublier l’exposition au Musée
du Louvre et au Centre Pompidou)
Tout au long du voyage, « souvenirs, sensations et
fantômes refont surface » (France Inter) et l’ auteur nous invite à une méditation sur la vie et la mort, la
beauté, la douceur, la délicatesse. Par petites touches il nous dévoile ses
rapports avec ce grand peintre, maître de la peinture abstraite, inventeur du
« noir-lumière » et de l’« outrenoir » et il nous fait
comprendre son admiration sans limite pour ce grand peintre. Télérama
écrit : « L’éclat du jour s’accroche aux stries creusées dans la
matière, fait briller les mats, se perd dans les crevasses, rebondit sur les
reliefs, dans une vibration infinie ».
Christian Bobin est écrivain, poète et enchanteur. François
Busnel le place « au plus haut de la littérature contemporaine » et
lui a rendu hommage lors de la présentation de son livre « La nuit du
cœur » de 2018 qui se passe à l’Abbatiale de Conques où se trouvent
les vitraux de Pierre Soulages.
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