Yannick Haenel : Tiens ferme ta couronne - 2017, Gallimard - roman français
Yannick Haenel a obtenu
le Prix Médicis 2017 pour ce roman écrit comme une comédie rocambolesque. Il a
dédié son prix à Anne Wiazemsky, membre du Jury de ce prix, décédée au mois
d’octobre. Clin d’œil sur cette auteure que j’aime énormément et dont je vous
avais parlé lors de son décès.
Le héros de ce roman,
Jean Deichel, déjà au centre du « Cercle », paru en 2007 et
personnage principal dans les « Renards pâles » en 2013, est
probablement le double romanesque de l’auteur. Il le présente ainsi :
« En gros, le bilan n’était pas fameux : j’avais quarante-neuf ans,
je vivais reclus dans un studio de vingt mètres carrés et passais mes journées
à regarder des films en buvant de l’alcool » (il n’en sort que pour
promener « Sabbat » le chien de voisin). Il se prétend fou, du moins possédé . Il a
écrit un scénario « The Great Melville », inspiré du Moby Dick écrit
par Herman Melville (1819-1891). Jean, persuadé de la valeur cinématographique
de son scénario, part sur les traces du seul cinéaste qui, selon lui, sera
capable de réaliser l’adaptation de son scénario : ce cinéaste est le
célèbre Michael Cimino. Il a une influence « magnétique » sur notre
héros. Il est le producteur de « la Porte du Paradis » sorti en 1979,
Palme d’or du Festival de Cannes, western américain que certains considèrent
comme l’une des sept merveilles du monde cinématographique.
Cette quête va emmener
notre héros dans des situations mystérieuses, quelquefois drôles pour cet homme
qui vit dans un rêve et une obsession : « c’est un itinéraire
spirituel fébrile, ponctué de signes, d’épisodes et de rencontres
fantasques ». Apparaissent un cervidé dans la neige blanche, une phrase
redondante « l’intérieur mystiquement alvéolé de la tête de Melville»
(phrase sortie du livre de H. Melville), une rencontre dans une brasserie avec
Isabelle Huppert qui avale de la viande crue « avec une brutalité
stupéfiante », le sosie d’Emmanuel Macron
en maitre d’hôtel…etc. Ce sont des « moments romanesques aussi improbables
que burlesques » (Le Monde)
On se laisse dériver
avec les aventures extravagantes du héros, on sourit, on rit, on n’essaie plus
de comprendre le fil de l’histoire, on accepte ses saouleries mais on se lasse un peu…Mieux vaut bien
connaitre le monde du cinéma pour apprécier le cheminement du héros. C’est un
moment de lecture totalement déjanté.
Je
vous cite un critique de La Croix : " L’incroyable force polyphonique
et contrastée de son livre : puissance et précarité, cocasserie et
envoûtement, sauvagerie et douceur, ville tentaculaire mais nature si fraiche,
rêverie enlacée"
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