jeudi 21 décembre 2017
Jim Fergus : La vengeance des mères (N°2 dec 2017)
Jim Fergus : La vengeance des mères - Ed. Cherche-midi, 2016 - roman américain
Nous nous étions déjà
régalés avec le roman « Mille femmes blanches » de Jim Fergus paru en
France en 2000. En 1874, Little Wolf négocie la paix avec le Président Grant en
proposant un échange : 1000 chevaux contre 1000 femmes blanches permettent
la survie de sa tribu. Dans ce roman, on découvrait la passion de l’auteur pour
la culture indienne, particulièrement la culture cheyenne. La tribu de Little
Wolf est exterminée par l’armée américaine. Seules quelques femmes blanches
survivent à ce massacre.
Dans « La
vengeance des mères », l’auteur nous invente la suite et raconte la vie
des survivantes à travers des carnets intimes de deux Irlandaises, sœurs
jumelles flamboyantes dont les enfants sont morts de froid après le massacre,
ainsi que ceux de Molly McGill, une ancienne enseignante condamnée pour
meurtre.
La vie quotidienne au
village de ses femmes blanches parmi les cheyennes, toutes d’origines
différentes et de milieux quelque fois opposés, est décrite de façon succulente.
La description des paysages est de toute beauté. La violence des combats et des
carnages décrit la lutte quotidienne de ces femmes pour se venger et vivre.
« L’auteur accompagne les instants de douceur et des fêtes où chacun
apprend à vivre en bonne entente mais décrit également l’initiation des femmes
à la guerre ». Ces femmes ne veulent pas être rapatriées par l’armée
américaine (pour aller où ?) et elles décident de se battre à côté des
indiens. Incroyable énergie des sœurs jumelles, incroyables combats, incroyable
amitié « à la vie, à la mort », incroyables retrouvailles…
« Jim Fergus
compose une épopée grandiose mais surtout émouvante et charnelle à travers ces
sacrées héroïnes, courageuses et magiciennes » (LIRE)
Grand moment de lecture
« qui prend aux tripes » et « rend justice aux victimes
indiennes et féminines de la folie destructrice de l’Homme blanc
américain ».
Sarah Vaughan : La ferme du bout du monde (N°3 Dec 17)
Sarah Vaughan : La ferme du bout du monde - Ed Préludes, 2016 - roman anglais
Un article d’un
critique littéraire annonçait : « Si vous aimez Daphnée du Maurier,
vous aimerez Sarah Vaughan ». J’ai donc lu avec énormément de plaisir ce
beau roman « La ferme au bout du monde ».
J’ai beaucoup aimé ce
lieu magique, cette ferme au bout de la Cornouailles où se passe l’action du
récit. Je me suis régalée des descriptions magnifiques des paysages de cette
région de la Grande Bretagne avec ces balades « sur la lande au bord des
falaises surplombant une mer déchaînée ».
L’auteur nous embarque
dans des histoires d’amours contrariés et de secrets de famille sur trois
générations de femmes : la grand-mère qui cache un lourd secret, la mère
qui travaille dur avec son fils pour surmonter les tourments financiers de la
ferme et la fille Lucy, héroïne du roman, qui arrive de Londres avec des
problèmes de cœur et qui veut se ressourcer dans sa famille et dans sa
« ferme » familiale.
Ce bon roman de détente
nous plonge dans une atmosphère chaleureuse, conviviale, « so
british ».
Ce livre donne l’envie
d’aller en Cornouialles.
vendredi 24 novembre 2017
Marc Dugain : Ils vont tuer Robert Kennedy (N°1 Nov 2017)
Marc Dugain : Ils vont tuer Robert Kennedy - Gallimard, 2017 - roman français
Marc Dugain explique
avoir une passion pour l’énigme et le mensonge d’Etat dont l’affaire Kennedy
qui reste un grand mystère du XXème siècle.
Après 40 ans de
recherches sur les meurtres des frères Kennedy en recueillant des informations
via les médias, des travaux universitaires et scientifiques, Marc Dugain se
lance dans ce roman extraordinaire, entre enquête et fiction, qui lui permet de
nous faire parcourir l’histoire des Etats-Unis des années 1960.
Le narrateur est un
enseignant d’histoire contemporaine de Vancouver qui est convaincu que la mort
de ses propres parents en 1967 et 1968 est liée aux assassinats des Kennedy. Il
rédige d’ailleurs une thèse sur Robert Kennedy (1925-1968), « le plus
idéaliste et le plus intègre de la célèbre et maudite fratrie ». Il
découvre que son père, éminent psychiatre et passionné d’hypnose, avait des
liens avec les services secrets britanniques durant la seconde guerre mondiale
et aurait appartenu à la CIA avant d’en être la victime. L’enquête l’emmène
dans un engrenage incroyable et lui fait découvrir le caractère paranoïaque des
Kennedy. On reste ébahi par certaines révélations vertigineuses.
J’ai relevé quelques phrases : « Les
femmes sont à John ce que l’insuline est à un diabétique »…« Une
phrase de Churchill que JFK aimait répéter ‘le courage est, de toutes les
qualités la plus importante et c’est elle qui détermine toutes les autres’.
Marc Dugain applique cette devise à Jacky qui a montré « une bravoure
surprenante » car cette journée à Dallas « s’annonçait comme une
parenthèse dans la laideur du monde »…« Bob est convaincu de
l’incontestable réalité du complot et de l’absolu nécessité de ne pas adhérer publiquement
à cette thèse ». Bob parle de son père : « Cupidité, arrogance,
adultère, meurtres, tous les péchés capitaux y sont passés ».
L’auteur nous écrit des pages magnifiques et
« des allers-retours narratifs » tantôt sur le parcours de Bob
Kennedy après l’assassinat de son frère, tantôt sur les recherches familiales
de son héros. Il trouve le moyen de « faire cohabiter les véritables
personnages et ceux qui sont le fruit de son imagination » (LIRE). Il
dit : « J’ai toujours été intéressé et fasciné par l’intrusion
de la Grande Histoire dans la vie d’une personne banale » : Pari
réussi, qui fascine aussi le lecteur d’un bout à l’autre. Quelques pages un peu
longues et des secrets un peu compliqués alourdissent le style mais quelle
énergie et quel souffle pour ce thriller « riche en rebondissements » !!!
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