Agnès Desarthe : Ce cœur changeant -Ed de l'Olivier, 2015 - roman français
Agnès Desarthe se livre
« au plaisir du romanesque avec un art consommé du récit, du tableau et du
dialogue » nous écrit un critique du Monde. En effet, ce roman est une
réelle fiction sur la vie d’une femme singulière au tournant du XXème siècle.
L’auteur dit : « Je pense que la fiction est une très bonne façon
d’enquêter sur le réel ».
Rose est la fille d’une
aristocrate danoise farfelue et extravagante (dreyfusarde) et d’un militaire
coincé sans mérite (antidreyfusard) « français maigrichon à tête de
musaraigne ».
Elle largue les amarres
familiales et arrive seule à Paris à l’âge de 20 ans après une enfance entre le
Danemark, l’Afrique et Saint-Germain en Laye. Elle arrive seule, sans famille
et sans sou avec pour seuls bagages les œuvres d’Alexandre Dumas lues et relues,
la connaissance de plusieurs langues et
l’éducation de sa gouvernante Zelada, nounou hors norme (dont elle parle avec
beaucoup de nostalgie), « mais elle ne sait rien de l’argent, des hommes,
de la politique et du sexe. »
« Rose a du mal à
savoir qui elle est, ce qu’elle désire et où elle va ». Ses réflexions sur
la vie sont candides, naïves. Elle manque souvent de tomber au plus bas mais se
relève toujours. Rose connait la pauvreté et l’exploitation mais s’adapte avec courage. Elle découvre l’amour dans une
relation passionnelle avec une Louise excentrique puis l’amour maternel car un
bébé orphelin d’une cousine lui est confié (très beau passage de cet éveil à la
maternité). Nous allons donc d’aventures en aventures en ce début du XXème
siècle à Paris. On traverse les années, la société, la politique. On passe par
l’affaire Dreyfus, la Grande Guerre, les Années folles, la vie d’artistes et la
bohème et la vie des bas-fonds.
Ce livre a obtenu le
Prix Littéraire du Monde qui le considère comme « un roman d’évasion à la
fois historique, d’aventures, philosophique. Le souffle, la beauté,
l’originalité de ce roman l’ont imposé » (Le Monde du 11/09/2015)
Pour ma part, malgré la
variété des aventures, j’ai trouvé certains passages un peu lourds et longs et
le lien entre les aventures de cette incroyable existence un peu trop baroque
et irréel.
N’oublions pas qu’Agnès
Desarthe est traductrice (à ce sujet, son très bel essai « Comment j’ai
appris à lire » paru en poche en 2014). Ce travail de traductrice
l’apprend à jouer avec les mots et son écriture est merveilleuse.
« L’auteur, on le sent, s’est documentée et émaille son texte de mots
disparus de la surface du XXIème siècle, rendant ainsi plus crédible la fresque
historique en arrière-fond » (Match)
Beau roman de pure
fiction d’une très belle écriture, mais un peu trop irréel à mon gout…
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