Pierre Assouline : Sigmaringen - Gallimard, 2014 - roman français
Pierre Assouline est un journaliste
et un écrivain passionné d’histoire et chacun de ses romans est extrêmement
bien documenté et au plus proche des événements.
Dans
« Lutetia », paru en 2006 chez Gallimard, le narrateur était le
gardien chargé de la protection discrète des clients du prestigieux Hôtel Lutetia
et il était le témoin des histoires et de l’Histoire qui se sont passées dans
cet hôtel mythique de la rive gauche de Paris de 1938 à 1945.
Ici le héros, et donc
narrateur, n’est autre que le majordome du Château des Princes de Hohenzollern
à Sigmaringen, ville du pays de Bade dans le sud de L’Allemagne. Sur ordre
d’Hitler, le château est réquisitionné, rattaché à la France et devient
« le décor d’une sinistre comédie ». Le gouvernement de Vichy
débarque dans l’imposante forteresse de 383 pièces et le prince de Hohenzollern
ordonne à son majordome de rester comme « gardien du temple et
gardien de la continuité, oeil et oreille de confiance ».
Ce majordome mélomane
et impassible observe et écoute : il se désole de voir flotter le drapeau
français sur la demeure de ses maitres et assiste à l’installation des membres
du gouvernement en exil, réfugiés plus que prisonniers. Il nous fait vivre avec
beaucoup d’humour et d’ironie la vie quotidienne de Pétain, Laval, Doriot,
Darnand et d’autres… : « Allées et venues, repas collectifs plein
d’emphases à l’heure du rationnement, chassés-croisés et délires personnels du
pouvoir »
Notre majordome
rencontre aussi Louis-Ferdinand Céline (Destouches) avec son chat Bébert venu
exercé la médecine à Sigmaringen au château mais aussi au village où un grand
nombre de français sont réfugiés, pendant que sa femme Lucette Destouches fait
des répétitions de danse dans la grande salle du château !!!! Céline a
d’ailleurs écrit en 1952 « D’un château à l’autre » qui a surement
inspiré Pierre Assouline.
Notre majordome dirige
sa troupe de serviteurs et rencontre le beau personnage de mademoiselle
Wolfermann, intendante du maréchal (je n’en dis pas plus…). Les discussions
dans les cuisines entre les serviteurs sont savoureuses et pleines d’humour.
Un critique de La Croix
dit : « Un roman qui restitue toute la folie tragicomique de
ces quelques mois d’ « occupation » française du château
allemand où Pétain remplaça le prince » !!! :
Bon moment de lecture sur cette période de
l’histoire assez méconnue racontée avec beaucoup d’humour
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