jeudi 24 juillet 2014
Jeanne Benameur : Profanes
Jeanne Benameur : Profanes - Poche Actes Sud, mai 2014 - roman français
Jeanne Benameur a
remporté le grand prix RTL/Lire au printemps 2013 avec ce superbe roman et on
le comprend en le lisant : « Etonnante démonstration de l’espoir
retrouvé dans la compagnie des Hommes au moment où tout semble
s’effondrer » dit Xavier Houssin dans Le Monde.
C’est l’histoire d’un
chirurgien retraité, Octave Lassalle. A 90 ans, il décide de s’entourer de
quatre « aides » d’âge, de milieu et de culture très différents pour
l’assister à vivre ses « derniers temps » dans une grande maison familiale. Chacun des
personnages va l’accompagner et l’aider non seulement matériellement mais aussi
moralement, tout en évoluant eux-mêmes dans leurs propres vies. Lui-même et
chacun ont des secrets profondément traumatisants, des blessures, des
angoisses, des peurs mais vont tous réagir et des « liens
invisibles » se tissent et les aident à avoir l’optimisme et l’espérance nécessaires
pour continuer la « lutte pour la vie ». Je n’en dis pas plus…mais
chaque parcours est passionnant.
« Dans une langue
incantatoire », l’auteur nous livre cinq portraits magnifiques
« criants de beauté et de vérité » que l’on imagine sans aucune
peine. Octave Lassalle trouve des « haïkus » (petit poème extrêmement
bref venu de Japon) qui convient à chacun de ses 4 « aides ». Quelle écriture
délicate et poétique !
A lire absolument pour
rester optimiste !!!!
Julie Wolkenstein : Adèle et moi
Julie Wolkenstein : Adèle et moi - Poche gallimard, juin 2014 - roman français
J’ai beaucoup aimé ce
livre et repense souvent à cette dame qui pourrait être ma grand-mère ou mon
arrière-grand-mère. Je repense aux maisons familiales et à l’importance
qu’elles prennent dans la construction mentale des enfants.
L’héroïne, divorcée,
amoureuse à nouveau, écrivain (un double de l’auteur ???) découvre, en
triant des papiers à la mort de son père, l’existence et la vie passionnante de
son arrière-grand-mère Adèle et reconstitue sa vie dans le Paris et d’autres
lieux des années 1870-1880. Julie Wolkenstein construit son roman autour d’un
secret de famille que son héroïne découvre dans un « memorandum »,
signé d’une certaine tante Odette qu’elle rencontre et qui, de plus, lui
donnera le journal d’une partie de la correspondance d’Adèle. « Julie
Wolkenstein aime les intrigues à tiroirs, les coïncidences et les
courts-circuits » nous dit un critique. Une maison à Saint Pair près de
Granville sert de trait d’union entre Adèle et son arrière-petite-fille, notre
héroïne.(On a envie d’aller voir ce village…)
L’ambiance des vacances
familiales dans cette « villa » est extrêmement bien décrite ainsi
que la vie parisienne et en campagne de l’époque.
J’ai aimé la façon
d’écrire de l’auteur, son humour, sa drôlerie, la typographie même
originale : les mots soulignés, les mots en italiques, les mots en lettres
majuscules…
Certains critiques ont
trouvé ce roman trop long mais en le lisant en vacances je me suis laissée
portée par l’ambiance, par les descriptions des différentes époques, par la
révélation du secret…
David Foenkinos : Je vais mieux
David Foenkinos : Je vais mieux - Poche Gallimard, mai 2014 - roman français
J’attends toujours avec
impatience les romans de cet auteur si agréable à lire avec son humour
extraordinaire. On se souvient de « La délicatesse », « Les
souvenirs ».
Le héros de ce roman
est victime d’un mal de dos qui bouleverse sa vie. Est-ce une conséquence de
ses échecs familiaux, professionnels et de ses frustrations ?
L’auteur nous emmène
dans une réflexion profonde du héros, qui, voyant tout s’effondrer autour de
lui, va modifier certains comportements, ce qui amènerait une
« rédemption »….
Ce roman étant écrit à
la première personne, nous sommes plongés dans les pensées du personnage :
« l’auteur décortique, comme il sait si bien le faire, les émotions et les
sentiments amoureux » nous dit Valérie Trierweiler (Paris-Match). Cela
nous donne droit à des pages sensibles et profondes sur des sujets-clefs de la
vie d’un homme de 50 ans : relation avec le conjoint, relation avec les
parents, relation avec les enfants. Tout est analysé…
Quelques paragraphes
plein d’humour sur des épisodes de vie : sur les médecins et les salles
d’attente, sur les artistes devant leur œuvre, sur les dentistes, sur les vieux
couples. On rit et on sourit.
A lire pour un bon
moment de détente ce livre « sensible, profond et résolument
optimiste » (critique de Version Fémina)
Annie Butor : Comment voulez-vous que j'oublie Madeleine et Léo Ferre
Annie Butor : Comment voulez-vous que j'oublie Madeleine et Léo Ferré - Poche Lgf, mai 2014 - roman français
Etant « fan »
de Léo Ferré (surtout de ses premières chansons), j’étais intriguée de lire le
témoignage de sa belle-fille Annie Butor. Elle fut toujours considérée comme sa
fille, ayant été élevée par Léo ferré à
partir de l’âge de 5 ans. L’auteur et Madeleine (sa maman) ont vécu avec le
chanteur de 1950 à 1973. Annie Butor a donc passé son enfance et son
adolescence avec le poète.
La première partie du
livre est bouleversante : la vie au quotidien de ce couple et « leur
fille » est une vie hors-norme et excentrique. L’auteur nous dit :
« Léo ne semblait faire aucune différence entre le monde des adultes et le
mien » : son enfance est donc au milieu d’adultes. La petite fille
est mêlée à leur vie, leurs problèmes financiers, la création des chansons,
leur amour, leur vie de bohème. L’auteur
nous fait un portrait émouvant de son beau-père et de sa mère, deux êtres
exceptionnels. La « Jolie môme » décrit les débuts difficiles, le
succès, la gloire du chanteur mais surtout l’amour fou qui lie sa mère et Léo
ainsi que l’amour et l’affection qu’il donnait à l’auteur. On apprend pour
quelles occasions et circonstances ont été écrites la plupart des chansons,
quelques paroles et poèmes étant retranscrits régulièrement ce qui rend la
lecture très agréable. L’auteur nous dit « Ma mémoire est faite de
chansons. Les chansons de Léo, je les ai vues naître, au jour le jour, je
devrais dire plutôt nuit après nuit ».
La deuxième partie
donne froid dans le dos : c’est la descente aux enfers de ce couple
mythique : « Avec le temps va, tout s’en va »…. Comment Léo Ferré
a-t-il pu devenir un homme si minable ?
Annie Butor reste juste
et le récit n’est pas un règlement de compte mais un hommage à sa mère qui a
tant aidé le chanteur. C’est aussi une reconnaissance de l’amour que lui a
prodigué Léo Ferré.
Très beau témoignage,
intéressant particulièrement pour ceux qui connaissent un minimum de chansons
de Léo Ferré. « C’est extra », « Titi d’Paris »,
« C’est la vie » « Jolie môme », une soixantaine de
chansons sont citées….
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