jeudi 21 février 2013
Joël Dicker : La vérité sur l'Affaire Harry Québert
Joël Dicker : la Vérité sur l'Affaire Harry Québert - Ed de Fallois, 2012 - roman
Philippe Besson : De là, on voit la mer
Philippe Besson : De là, on voit la mer - Julliard, 2013 - roman court
Dès les premières
lignes, nous sommes en Italie sur une route en corniche dans une Fiat 500,
comme sur la couverture de ce petit livre.
Louise, une femme
écrivain libre, sans enfant, avec un mari laissé à Paris, vient écrire un livre
dans la villa d’une amie à Livourne en Italie parce que, selon elle, pour
écrire il faut s’imposer la solitude. Tout l’enchante dans ce lieu : la
mer, la chaleur, la ronde des ferries qu’elle regarde derrière la vitre (comme
dans tous les livres de Besson…). Une aventure amoureuse violente se trame. C’est
la crise de la quarantaine : que faire ? que dire ? La liberté
qu’elle veut garder l’oblige à faire des choix, à ne pas faire de concessions,
à tenir son destin en main. Elle est intransigeante, ne veut rien cacher, ne
veut pas mentir.
Elle doit retourner en
France quelques jours au chevet de son mari accidenté. Le dialogue avec lui est
extraordinaire : dialogue oui…mais entrecoupé de tant de silences, pendant
lesquels on ressent les souffrances, les jalousies, les fêlures, les
non-dits des deux personnages. C’est un passage superbe sur le temps et
l’usure des couples. Quelle finesse d’écriture.
Pour Besson, « entre l’amour et l’écriture, il faut choisir ». Lui et Louise ont choisi l’écriture mais n’est-ce pas terriblement égoïste et cette solitude imposée n’est-elle pas bien triste ???
C'est un beau portrait de femme libre mais cette liberté a un prix.
David Lodge : Un homme de tempérament
David Lodge : Un homme de tempérament - Editions Payot et Rivages, 2012 - roman biographique
David Lodge est un
grand auteur britannique né en 1935. Enseignant la littérature anglaise
jusqu’en 1987, il a publié des essais, des critiques, des romans, spécialement
sur la période victorienne et sur les milieux universitaires, la révolution
sexuelle, les problèmes de vieillissement.
Il nous régale ici avec
un roman « Un Homme de tempérament », un formidable portrait de son
compatriote Herbert George Wells (1866-1946) qui fut le pionnier des romans de
Science-fiction (L’Homme invisible, La Guerre des Mondes) et a écrit aussi des
essais politiques et sociaux. « Wells lutte toute sa vie pour changer le
monde ».
Ce n’est pas seulement
le portrait bien documenté de cet écrivain mais c’est aussi le tableau de toute
une époque sur fond de guerres mondiales, de luttes féministes et de débats
littéraires. Wells apparaît comme étant un « intellectuel progressiste
voire utopiste, un esprit à la fois marginal, généreux et rayonnant, une âme
libertaire, un amoureux des femmes, à la sexualité hyperactive, défenseur et
pratiquant de l’amour libre autant que du mariage à répétition » :
tout est dit dans cet extrait. On découvre l’écrivain, le socialiste membre de
la « Fabian Society » et le Don juan. « Ce portrait est à la
fois fascinant, attendrissant, exaspérant » nous dit un critique du Monde.
Lodge a l’habileté de
faire des interviews fictives de Wells au cours de cette biographie ce qui lui
permet de donner des réponses à des questions sur l’existence humaine.
Le texte et l’écriture
sont drôles et alertes, « un savoureux parfum british », beaucoup
d’humour et de finesse tout ce que j’aime chez les auteurs britanniques.
Extrait d’une interview
récente de Lodge :
« Pourquoi vous
êtes-vous intéressé à Wells. Est-ce par curiosité ? par admiration ?
par identification ? » A ce dernier mot, Lodge éclate de rire :
« Moi… je suis affreusement conventionnel et monogame !! H.G. Wells
est aussi éloigné de moi qu’on peut l’être… » mais comment a-t-il fait
pour se glisser dans la peau du personnage avec autant de facilité !!!!
Jean-Luc Seigle : En vieillissant les hommes pleurent
Jean-Luc Seigle : En
vieillissant les hommes pleurent - 2012, Flammarion - roman
Ce roman court se passe
en une journée : le 9 juillet 1961. C’est l’histoire d’une famille d’origine
paysanne, dans le monde rural en plein changement, dont le principal évènement est l’arrivée
de la Télévision dans la maison, pour voir, ce jour-là, un reportage sur la
guerre d’Algérie : Henri, le fils aîné, soldat, doit passer dans l’émission
« Cinq colonnes à la une » et c’est un bouleversement pour tous.
Comment le père, Albert,
ouvrier chez Michelin, va réagir ?
Comment la mère,
Suzanne, de plus en plus frivole, trompant son mari, va supporter la vue de son
enfant chéri ?
Comment le fils cadet,
Gilles, passionné de littérature va le supporter ?
S’ajoutent les réactions
des voisins, venus regarder la télévision pour la première fois.
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